En plus des effets développés dans la page sur les effets thérapeutiques du clown, les stages de clown sont aussi un espace pour s’écouter soi, et écouter les autres de façon fine et profonde, se reconnecter avec son ressenti et son imagination, identifier et canaliser ses émotions, développer son authenticité, sa spontanéité, renforcer sa présence, s’affirmer, moins se prendre au sérieux, être plus à l’aise en public, apprivoiser sa peur du regard de l’autre, développer sa capacité à être en relation… et surtout : rire !
On peut reconnaître dans cette liste la plupart des effets thérapeutiques liés au théâtre. S’y ajoutent les effets liés à l’appartenance à un groupe : sentiment d’appartenance, trouver sa place…
L’art du clown est un cousin du théâtre. En dehors des aspects reliés au nez rouge décrits précédemment, l’art clownesque a des spécificités présentes dans certaines formes de théâtre :
Les moments sur scène sont improvisés. Ils sont donc l’occasion de développer la présence à soi et aux autres, l’écoute de ce qui se passe à l’intérieur de soi comme affects mais aussi l’écoute des autres. C’est une bonne opportunité pour laisser s’exprimer sa spontanéité.
Le clown partage ce qu’il vit avec le public en le regardant régulièrement. Il n’est pas enfermé dans ses affects, il les vit en relation avec un autre. La pratique du clown est donc aussi un vrai travail sur la relation, à quel moment nous sommes ou pas en relation, comment nous nous coupons d’une relation vraie, authentique. La posture vis à vis du public révèle notre posture globale vis à vis des autres : en protection, en attente…L’animateur, par ses retours bienveillants aide à cette prise de conscience. La pratique du théâtre clown est l’occasion d’expérimenter d’autres postures vis à vis du public et de l’autre en général.
Le clown vit une congruence, une cohérence entre ses affects, ce qu’il exprime avec le corps, la voix, les mots. Cette expression globale, simple, congruente renforce sa force d’expression, son message. C’est ce qui lui permet d’être accessible, compris par le plus grand nombre.
Ça donne aussi à l’acteur une grande sensation interne de cohésion, de justesse.
Le clown joue avec un rien : ses affects mais aussi ce qui surgit de l’environnement : un objet, un bruit ou avec une situation, une relation. Il est de ce coté là à rapprocher de l’enfant. Il a cependant une conscience supplémentaire qui lui permet de ne pas s’enfermer dans un jeu, mais de toujours s’en extraire. Il est dans un va et vient constant entre « vivre la situation » et « avoir un regard dessus ».
Depuis quelques années, les chercheurs en neurologie réalisent l’importance majeure des émotions dans la capacité à faire des choix satisfaisants dans sa vie. Et même plus. « L’intelligence interpersonnelle (relationnelle) et intrapersonnelle (introspection) sont regroupées sous le terme « d’intelligence émotionnelle ». (Sciences et Vie Déc. 2010) « Etre émotionnellement intelligent, c’est savoir identifier ses émotions et celles d’autrui et les réguler, explique Moïra Mikolajczak, professeur de psychologie à l’Université catholique de Louvain (Belgique). Cette aptitude a un impact positif majeur sur la santé mentale, la santé physique, la réussite professionnelle et les relations sociales ».
A l’inverse, ne pas savoir repérer ou exprimer ses émotions, ou être débordées par elles s’avère être handicapant.
Moïra Mikolajczak et Lisa Bellinghausen, docteur en psychologie et chercheuse à l’Université Paris-descartes définissent 5 compétences émotionnelles de base qu’on peut travailler pour développer son intelligence émotionnelle. Or la pratique de l’art clownesque concerne 4 d’entre elles. Les voici :
– identifier ce que l’on ressent
– repérer les facteurs déclencheurs des émotions
– exprimer clairement ses émotions
– réguler son humeur par l’action
La cinquième consiste à manipuler les émotions pour être plus efficace. Voire pour manipuler les autres. Ce qui n’est pas l’objectif dans ces stages.